L’instabilité postérieure d’épaule est rare, elle représente 10 % des cas d’instabilité dans l’épaule (les luxations sont majoritairement antérieures).

Anatomiquement la tête humérale étant par nature rétroversée, l’instabilité postrieure ne nécessite pas forcément de traumatisme impliquant une grande amplitude de mouvement (à l’inverse des luxations antérieures souvent consécutives à un « armé contrarié » du bras)

En dehors des traumatismes, plusieurs situations favorisent l’instabilité postérieure :

Les crises d’épilepsie de type grand mal (crise commitiale). Consécutive à une contraction brutale et intense des muscles avec tendance à enrouler les bras en rotation interne, l’articulation se disloque vers l’arrière. L’amnésie associée de la crise peut masquer la notion de traumatisme. Le traumatisme est d’une telle violence qu’il peut s’agir également d’une fracture luxation.

Les troubles anatomiques d’orientation des pièces osseuses (exagération de la rétroversion de la tête humérale ou présence d’une rétroversion de la glène).

L’hyperlaxité articulaire constitutionnelle ou pathologique (syndrome d’Ehlers Danlos)

Il faut distinguer l’instabilité involontaire récidivante liée initialement à un traumatisme (cf ci-dessus) des formes récidivantes volontaires reproductibles présentes depuis l’enfance qui ne nécessitent pas de prise en charge médicale.

Le diagnostic est parfois difficile cliniquement malgré une impotence douloureuse complète, l’existence d’un traumatisme fait craindre une fracture alors recherchée sur les radiographies standard de face et profil stricts.

Radiographiquement de face on note une superposition de la tête humérale et de la glène de l’omoplate, de profil la luxation est évidente avec une tête située en arrière de la glène.

En urgence chez quelqu’un de très douloureux la réalisation technique de radiographies de bonne qualité peut poser problème, ainsi le diagnostic peut être difficile voire inapparent surtout lorsqu’il n’existe qu’une simple superposition osseuse.

Traitement médical

Les manœuvres pour réduire une luxation postérieure sont différentes de celles d’une luxation antérieure, nécessitant souvent une anesthésie générale. Le mouvement est moindre. L’immobilisation requiert de neutraliser la rétroversion naturelle de la tête humérale sous peine de récidive sous la forme d’un coussin de rotation neutre.

Comme toute instabilité d’épaule, le renforcement des muscles stabilisateurs de l’articulation gléno-humérale permet le plus souvent de limiter le caractère récidivant. La rééducation est donc fondamentale.

Depuis quelques années on considère les formes récidivantes volontaires devenues involontaires (à la suite d’un traumatisme ou d’un faux mouvement) dont la gestion peut alors être équivalente à celle d’une forme purement involontaire.

Traitement chirurgical

La chirurgie peut être indiquée dans les formes récidivantes résistant au traitement médical, dont la technique varie selon les cas et les chirurgiens :

  • chirurgie des parties molles associant une capsuloplastie postérieure et comblement d’encoche antérieure (pour nous « verrouillage bipolaire inversé « d’épaule)
  • butée postérieure
  • exceptionnellement correction des anomalies osseuses (ostéotomie de dérotation humérale, ostéotomie d’addition concernant la glène de l’omoplate)